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Bénin, 59 ans d'une indépendance en mode téléchargement lent

Par Le 02/08/2019

 

Hier 1er août 2019, le Bénin célébrait ses 59 ans d’indépendance. Mais sommes-nous vraiment indépendants ou l’indépendance est-elle encore « en mode téléchargement avec un débit très lent » ? Tout semble se passer comme chez le nourrisson qui réclame son droit à l'autonomie mais ne veut rien faire dans le sens de son sevrage !

 

Igor : Bonjour chers confrères. En ce 1er août, j'ai copié pour vous l'intégralité de cette vidéo qu'un confrère nous a servi dans un forum ; et je pense que ces discours pourraient être aussi intégrés dans les programmes d'histoire de nos collèges et pourquoi pas, mimés de temps en temps ! Je suis convaincu qu'un film peut devenir "film-culte" pour une génération désireuse de s'identifier à un idéal : l'arrivée au pouvoir d'Obama a été stimulée par des discours, des films... Black panther est un film révolutionnaire. Il y a de ces Communications qui marquent les esprits et qui peuvent concrétiser des rêves. Qu'en pensez-vous ?

 

David AMOUSSOU : Croyez-vous que nous sommes vraiment indépendants ? Ce jour devrait être un jour de lamentation collective. L'indépendance n'est pas une question de terre, de territoire, de pseudo souveraineté etc.  La première indépendance est mentale et nous en sommes encore très loin. Sans elle, tout ce qui suit n'est que du folklore. BONNE FÊTE DE LA DÉPENDANCE, Car l'indépendance est encore en téléchargement en débit très lent...Courage.

 

Florentin OGOULOLA : À quoi ont servi les anciens programmes acquis depuis l’indépendance ? Si ce n'est pour faire de notre nation "un quartier latin d’Afrique", si ce n'est pour faire de nous des penseurs et non des acteurs. Oui tous ces programmes ont plutôt contribué à bâtir nos têtes et non à changer nos vies.  C'est vraiment l'homme africain qui est en question. Et toute la problématique est là. La connaissance doit descendre dans le cœur et se monnayer dans les membres. Bref c'est toute la vie concrète qui doit en être imprégnée pour impacter la société. Sinon nous passerons toute notre vie à parler tout le temps de changement de mentalité. Mais rien ne changera vraiment. Nous sommes encore très liés par beaucoup de choses encore. Nous ne sommes pas encore indépendants. Nous sommes encore très colonisés mentalement, matériellement, intellectuellement même si tout montre que physiquement nous sommes libres. Sinon comment comprendre que........Nous vivons en général des autres, les critiquons, mieux nous trouvons les bons mots pour des analyses pertinentes de notre destin africain. Mais concrètement il n'y a personne sinon que peu, pour agir, si ce n'est pas pour démotiver et démobiliser ceux qui s'efforcent par nos actes fratricides qui n’impliquent qu'une autodestruction.  Si nous ne le faisons pas par des actes concrets, ce n'est pas les autres qui vont nous défendre. Apprenons donc à dire nous et non pas moi, à jeter des fleurs dans la vie des autres, à les bâtir et ensemble c'est nous tous qui sommes vainqueurs. Comme les Français (et les citoyens des autres pays développés) ne disent jamais moi mais la France. Avoir un esprit altruiste et patriotique avéré.

Les discours et les films ne sont que des moyens de communication. Le plus important, je pense, c'est la capacité d'intégration et l'accueil que l'on réserve au message. Ce ne sont pas les instructions qui manquent. Les médias et professionnels de l'audio-visuel utilisent déjà chez nous ce canal (audio-visuel) pour véhiculer leur message. Les différents mouvements et associations passent aussi par ces moyens malheureusement souvent pour leurs ambitions politiques ou intérêts personnels. Les publicités à grands renforts médiatiques sur la vie civique et morale ont-elles pu changer réellement le quotidien des citoyens béninois ? Nous ne voulons pas citer des actes aliénants qui continuent de faire chemin allègrement à l'ère de ladite indépendance nationale. On ne saurait réduire l'indépendance et le développement d'une nation à des techniques de formation et d'information. Je continue d'affirmer vertement et avec force que le problème, c'est l'être africain. Prendre le mal à la racine, c'est aller jusqu'à la cognée en considérant son environnement socio-culturel qui l'a porté, bercé et dans lequel il a baigné tout le temps. Si l'arrivée de Obama au pouvoir a été stimulée par des films, il faut savoir que comparaison n'est pas raison et cette transposition connaîtra vite son échec. Nous n'avons pas les mêmes histoires même si nous ne sommes pas réduits à notre passé. (Encore qu'un peuple sans histoire est une civilisation sans âme). Au total, l'impact psychologique qu'une méthode de communication audio-visuelle va produire chez le noir Américain ne sera jamais identique à celui de l'africain noir. Même méthode= >différents résultats.  Les Noirs américains marqués par les séquelles de la traite négrière étaient portés par la soif de libération et de luttes anticoloniales avec des mouvements, courants et méthodes conséquents. Nous nous sommes encore au débat et toujours. La distance qui sépare nos belles paroles des actes concrets d'autonomie équivaut encore à celle qui sépare le soleil de la terre.

Au fait tout se passe chez nous comme chez le nourrisson. Nous agissons exactement comme l'enfant encore au biberon qui réclame son droit à l'autonomie, bien que conscient de sa dépendance. Mais qui malgré tout son désir de se libérer de la dépendance, ne fait rien, ou ne veut rien faire dans le sens de son sevrage. Le problème est qu'il craint la douloureuse expérience de l'arrivée de cette période transitoire marquée de faim et ses corollaires de problèmes d'intégration des nouvelles habitudes alimentaires, qui loin de le hanter, serviraient pour lui de tremplin. „on ne peut pas faire les omelettes sans casser les œufs". 

 

David AMOUSSOU : Il faut agir, et agir déjà c'est passer par la communication, non pas pour y rester mais sans une bonne communication nous ne pouvons rien faire parce que les gens doivent comprendre avant de s'y mettre. C'est là ce que Igor dit, combien de nos jeunes maîtrisent comment nous avons eu notre indépendance pour la plupart des pays africains ? Il faut le développement qui se concrétise dans l'action mais il ne faut pas oublier qu'une communication profonde et stratégique est déjà une action concrète qui impacte tout l'être.  Quand quelqu'un n'est pas convaincu en son for interne, tu as beau faire de la magie, ça laisse indifférent. Il y'a des paroles en elles-mêmes qui sont indéniablement des actions concrètes et des actions qui sont des paroles.  Il ne faut négliger aucun aspect... Joindre l’utile à l'agréable.  Mais ne pas demeurer uniquement dans l'utopie. Il faut revoir notre système éducatif, revoir notre manière de définir les valeurs et leur mode de transmission... Tout ça passe par la communication...  Comment veux-tu que quelqu'un qui a grandi dans l'esprit de ''chacun pour soi'' puisse aller dans le sens du développement ? Il faut éduquer, éduquer passe par la communication et à cela on ajoute l'action.

 

Florentin OGOULOLA : La communication, et même la bonne, ne suffit plus ou ne peut plus résoudre le problème du sous-développement ou de la mentalité surannée de l'africain noir, puisque des techniques d'information et de formation existent chez nous depuis des décennies. Je comprends en effet que le manque de volonté et de conviction est handicap majeur au changement de l'être noir africain. Non aux débats intermittents sans prises sur le réel car les flots de paroles sans les implications concrètes sont des paroles sans âme. En définitive à la veille des 60 ans des luttes anticoloniales, nous ne saurions parler d'une indépendance nationale, mais plutôt d'un simulacre d'indépendance.

 

David AMOUSSOU : La communication dont on parle à mon humble avis n'existe pas encore... Autrement, on aurait eu beaucoup de Thomas Sankara et de Patrice Lumumba. Il ne s'agit pas de se mettre là à aligner des mots.... Il faut que l'homme soit touché au fond de son être, c’est ça qui déclenche en lui le changement de mentalité. Quand tous les africains prendront conscience de l'enjeu le monde tremblera... Mais pour l’heure, même nos chefs ne sont pas là pour le peuple mais pour ceux qui les ont mis là, donc n'attends pas d'eux des actions. Ce ne sera que celles qu'on leur a dictées.

Dieu sait tout, Dieu peut tout, mais Il respecte notre Liberté (synthèse débat du 26.07.2019)

Par Le 27/07/2019

 

Samson : Salut les gars. Je voulais émettre un avis par rapport à cette intervention de l’abbé R., mais j’ai fini par oublier, à savoir qu’il y a des débats faits en classe qui continuent, moi, de me travailler personnellement ou que je continue de remuer, parce que les réponses apportées ne m’ont pas satisfait. J’évoque à titre illustratif juste 2 exemples : le débat sur la question des mérites de Notre Seigneur (question jadis posée par Fr. Dj.) et le débat autour de l’omniscience de Dieu (autour du psaume 138 avec le père Agb. puis avec Dégb.) : 1. Francis demandait pourquoi tout le temps il est question des « mérites de la Passion de Notre Seigneur ». N’y a-t-il que la souffrance qui soit méritoire ? Pourquoi ne parlerait-on pas par exemple des « mérites des joies de Notre-Seigneur » ? (On avait semblé ne pas comprendre Francis, mais jusqu’aujourd’hui la question continue de me travailler personnellement. J’attends donc toujours des réponses). 2. Par rapport au psaume 138 où le psalmiste célèbre entre autres l’omniscience de Dieu, le Père Agb. répondait à une question en disant : « Est-ce que c’est Dieu qui lui a dit qu’Il sait ou bien c’est lui qui pense que Dieu sait ? » (Réponse probablement nécessitée par la méthode d’analyse des textes ! mais) La question de l’omniscience de Dieu va resurgir avec le Père Dégb. qui comme réponse dira à peu près : Dieu ne sait pas comme nous les hommes nous savons. Il sait, mais comment Il sait, cela nous échappe. Plus tard, j’ai abordé la question avec un autre philosophe-dogmaticien qui explique que Dieu est omniscient sans que sa science détermine nos choix. Mais qu’il est absurde de penser que Dieu connaît tous les détails d’une journée que je passerai dans 50 ans (cela sera sûrement fonction de mes choix quotidiens jusqu’à cette date !). Ce dernier élément m’a encore troublé à telle enseigne que l’omniscience de Dieu, moi je continue d’y réfléchir jusqu’à ce jour, et j’attends encore des apports !

 

Sergio : Pour la première question, celle de Fr. Dj., je pense pour ma part que la joie est comprise dans la Passion. Car comme on le dit ce n'est pas la souffrance qui nous a sauvés mais la souffrance portée par l'amour. Or nous le savons par Saint Paul que parmi les fruits de l'amour il y a la joie. Il faut aussi ajouter que le vendredi saint nous a conduits au dimanche de Pâques. La souffrance du Christ n'a de sens qu'en lien avec la joie de la résurrection. Du coup c'est toute l'existence du Christ qui a été un acte méritoire.

 

David : Je pense que Sergio a donné une réponse plus profonde...  Il n'y a en réalité de mérite que dans le feu de l’action, c’est l'épreuve traversée qui atteste de la valeur de notre être en lui donnant sens. Saint Jean lie la Gloire à la Croix, et je puis dire qu'il n'y a pas de gloire sans joie et la joie ici se forge dans la souffrance la plus atroce... Je dirai même que plus la souffrance s’accentue, plus la joie devient plus profonde, car expression intrinsèque de la gloire. C'est donc mieux de parler des mérites de la Passion qui dans le contexte de la rédemption a un sens original. Celui qui rit parce qu'il est heureux n'a pas le même mérite que celui qui maintient en lui la joie même en agonisant. Je crois que pour la seconde question, il s'agit de tenir en compte la liberté de l’homme, que Dieu lui-même s'interdit de violenter... Autrement cela mettrait en cause celui que lui-même a créé à son image et à sa ressemblance. Dieu sait mais ne saurait s’interposer, non pas qu'il soit sadique non mais parce qu'il sait toutes les probabilités qui découlent de la liberté de l'homme. Mais le dernier choix vient de l'homme qui s'auto-détermine à faire soit le bien soit le mal. L'évangile nous dit ''sachant ce qu'ils pensent en eux '' parlant des pharisiens, de ses adversaires... Et quand on y prête attention, on comprend pourquoi Dieu nous inspire par son Esprit qui nous conduit à la vérité qui libère, à condition que nous nous laissions conduire... Encore là la liberté de l'homme.  Donc Dieu est omniscient mais pas dans le sens de savoir déjà où l'histoire d'une personne finit sans même que ce dernier ne DEPLOIE sa liberté.   Ce serait contradictoire de la liberté de choix de l'homme.

 

Gilles : En plus des avis pertinents déjà émis sur la question je voudrais souligner qu'il est important, quand on parle de notre Rédemption en Jésus Christ, de tenir soudée la trilogie Passion-Mort-Résurrection. Nous sommes sauvés par la Passion, Mort et Résurrection du Christ. Pas seulement par sa mort qui serait vaine si elle ne débouche sur la résurrection : "Si Christ n'est pas ressuscité, vaine serait notre foi." Tenir également ferme à l'esprit qu'il s'agit de la récupération douloureuse d'une triste tragédie née de la désobéissance de l'homme, si vous voulez : rouvrir une porte fermée à cause du péché, sauver l'homme perdu, rappeler de la mort à la vie l'être ayant perdu la vie divine. Autant d'images pour dire qu'il ne s'agit pas d'une partie de plaisir, mais un combat dans lequel on ne saurait s'engager avec le large sourire.... Sauvés par les mérites de la joie du Seigneur, me semblerait une affirmation qui tienne peu ou pas compte de l'aspect sacrificiel sanglant de la rédemption ayant coûté vie et sang au Seigneur : pensons un instant à son agonie au jardin des Oliviers (Sueur de Sang…). Enfin, la rédemption entendue comme ré-enfantement à la vie, nous donne de percevoir, par analogie, les douleurs de la parturition qui ouvrent sur la joie de la nouvelle naissance...... En somme rédemption par la Passion, Mort et Résurrection du Christ....

Pour l'omniscience de Dieu, il me semble que nos deux formateurs ont émis des réponses que je trouve aujourd'hui encore pertinentes même avec le recul du temps, même si livrées en des emballages euphémistes. L'omniscience de Dieu voudrait dire que Dieu sait tout, un tout entendu dans une double dimension spatio-temporelle. C'est-à-dire qu'il sait tout du passé du présent et du futur et ce savoir englobe tout le créé en tout endroit et en tout temps. Ce savoir ou cette connaissance de Dieu ne nous surprendrait pas du tout s'il n'englobait que le passé et le présent, vu que même l'homme est capable de ce savoir avec un peu d'effort, puisque l'histoire et le présent font et peuvent faire objet d'étude.... Là où se trouverait l'omniscience bouleversante de Dieu, dépassant les limites de l'homme, c'est dans sa capacité de connaissance du futur, donc d'une réalité non encore advenue (dirions-nous irréalité ???). Et là est toute la question. Dieu est-il omniscient, c’est-à-dire sait-il tout, y compris l'avenir ? La réponse traditionnelle de la théologie et de l'Eglise est positive. Comment peut-il alors savoir ce qui n'est pas encore et s'il le sait comment ne serait-il pas sadique laissant l'homme tomber dans le mal, le malheur, la mort, bien que l'ayant déjà vu de loin, mais ne faisant rien pour l'en empêcher ? La réponse à ces capitales interrogations réside dans la compréhension de l'Etre même de Dieu. Dieu est Esprit, pour faire bref, Créateur de tout, y compris les universaux et les catégories consistantes du créé (Espace et Temps). Les ayant créés, il en est externe tout en en étant interne. C'est-à-dire qu'il est au-delà du temps de l'espace. L'atemporalité de Dieu confine dans un présent continu le passé, le présent et le futur, un Présent perpétuel. "Pour le Seigneur un jour vaut mille ans et mille ans sont comme hier...'' Ainsi les trois composés du temps linéaire humain sont comme un rouleau déployé dans les mains de Dieu. Comme tel, Dieu connaît vraiment tout dans le sens de l'omniscience comme définie plus haut. Mais la seule restriction à cette omniscience de Dieu naît avec l'homme pourvu de cette grande arme qui se nomme ''liberté''. Le jeu de la Liberté. En effet le jeu de la Liberté qui permet à l'homme de choisir, pose une restriction à l'omniscience de Dieu sur le futur de l'homme. Ainsi Dieu sait tout de tout le créé sauf de ce que l'arme de la Liberté fera choisir à l'homme. Du moins, ce que Dieu sait du futur de l'homme est le bien dont il lui a tracé le plan dans son bienveillant dessein d'amour. Le mal que l'homme est capable de faire, Dieu ne le sait pas ni n'en sait le degré. Voilà ce qui justifie la proposition presque suppliante de Dieu à l'homme dans le Deutéronome : ''Je place la vie et la mort devant toi, le bien et le mal, choisis la vie ......'' En somme, Dieu est impuissant devant la liberté humaine, devant cette même liberté qui restreint son omniscience.... Ceci nous fait toucher la grandeur que Dieu a conférée à l'homme le créant à son image, à sa ressemblance, un peu moins qu'un dieu, et pourvu de Liberté....... Dieu sait tout....  mais ne sait pas les caprices de nos libertés...

 

Samson : Alors je remercie les uns et les autres pour les différentes contributions. Par rapport à la première question, je retiens que c’est « toute l’existence du Christ qui a été un acte méritoire » (cf. Sergio), depuis l’Incarnation jusqu’à l’envoi du Saint-Esprit. Mais puisque son Mystère Pascal en constitue le sommet et l’acte décisif, il est normal que l’accent soit mis sur les mérites de la Passion-Mort-Résurrection du Christ (cf. Gilles et David). Par rapport à la seconde question, je comprends que ce que l’on dit de la Toute-Puissance de Dieu (« Dieu est impuissant face à notre liberté ») on puisse l’appliquer aussi à son Omniscience, car notre vie n’est pas un livre pré-écrit où Dieu lit, mais plutôt un livre que nous écrivons avec sa grâce moyennant l’exercice de notre liberté (cf. Gilles et David). Mais (ma question pour relancer le débat) comment comprendre la thèse selon laquelle « Dieu sait tout....  mais ne sait pas les caprices de nos libertés... » par rapport aux prédictions (Je ne parle pas des prophéties) ? Exemples : 1. Jésus lui répondit : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » (Mt 26,34) Et cela s’est réalisé. Ou bien le reniement de Pierre ne fait pas partie des caprices de nos libertés ? 2. Alors Jésus leur dit : « Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul » (Jn 16, 32). Et cela va se réaliser. Qu’en penser ? Je voudrais bien conclure en disant : DIEU SAIT TOUT, DIEU PEUT TOUT, MAIS IL RESPECTE NOTRE LIBERTE.

CE QUE DISAIT UNE ÂME DU PURGATOIRE

Par Le 20/07/2019

Du 13 mai au 13 octobre 1917, la Vierge Marie apparut à plusieurs reprises à trois enfants à Fatima, petite ville située dans le district de Santarém au Portugal.  Au cours d’une de ces apparitions, Lucie, l’une des voyantes, demanda à la Vierge Marie des nouvelles au sujet de deux jeunes filles mortes depuis peu : Maria, 16 ans, et Amelia, 19 ans :

  • Est-ce que Maria est déjà au ciel ?
  • Oui, elle y est.
  • Et Amélia ?
  • Elle sera au purgatoire jusqu’à la fin du monde. 

Dans le livre Les âmes du purgatoire dans la vie des Saints, le Père Ferdinand de Castille rapporte ce fait historique qui eut lieu dans le couvent saint Dominique à Zamora en Espagne : « Dans ce couvent vivait un dominicain très vertueux, uni d’amitié avec un père franciscain non moins saint. S’entretenant souvent des mystères de l’Au-delà, ils s’étaient promis de ne pas s’oublier après la mort… Ce fut le franciscain qui mourut le premier. Peu de temps après sa mort, il apparut au dominicain. Après l’avoir salué affectueusement, il lui apprit qu’il lui restait beaucoup à souffrir pour des choses légères qu’il n’avait pas expiées… Pour exciter son ami à travailler à sa délivrance, il lui fit voir les flammes dont il était dévoré. « Rien sur la terre, lui dit-il, ne peut vous donner une idée de l’ardeur de ce feu. En voulez-vous une preuve ? » Il pose sa main en feu sur une table et elle s’y enfonça profondément ! Cette table, témoin du feu du purgatoire, est toujours conservée à Zamora, province de Léon, en Espagne. » Les âmes du purgatoire dans la vie des Saints, Textes rassemblés par Jacques Lefèvre, p. 18.

Alors, le purgatoire comme purification finale de ceux qui meurent dans la grâce et l’amitié de Dieu mais imparfaitement purifiés, purification leur permettant d’obtenir la sainteté nécessaire pour entrer dans la joie du ciel, le purgatoire, disais-je, est-il une invention de l’Eglise Catholique ?

Dans la vision qu’il a eue, l’année de la mort du roi Ozias, le prophète Isaïe contemple le Seigneur assis sur son trône de gloire, et des Séraphins qui, au-dessus de Lui, se criaient l’un à l’autre : « Saint, saint, saint, le Seigneur, le Tout-Puissant, sa gloire remplit toute la terre ! » (Isaïe 6, 1-3). Dieu est infiniment saint, et rien de ce qui n’est pas saint ne peut être admis à partager sa gloire : « Tu n’es pas un Dieu ami du mal, chez toi le méchant n’est pas reçu. » (Psaume 5, 5). C’est pourquoi le Seigneur lui-même nous lance cette exhortation : « Soyez saints, car moi le Seigneur votre Dieu, je suis saint. » (Lévitique 19, 2)

Alors, un homme qui meurt sans la sainteté requise pour partager la vision de Dieu, et qui au même moment n’a pas opté fondamentalement contre Dieu pour être séparé de Lui à jamais, où le mettez-vous ? Au ciel ? Non, puisqu’il n’est pas encore conformé à la sainteté de Dieu. En enfer ? Oh, quelle injustice, puisqu’il a quand même cru en Dieu et s’est efforcé à la mesure de ses faiblesses de lui plaire ! Alors, l’existence du purgatoire comme creuset de purification finale de certains élus apparaît comme une nécessité et de la foi et de la raison. Nécessité de la Justice miséricordieuse de Dieu qui ne peut abandonner une telle âme à l’enfer et nécessité de sa sainteté qui ne saurait pactiser avec le mal et l’impur.

Mais la Bible parle-t-elle du purgatoire ? Si le terme purgatoire ne figure pas dans la Bible, la réalité qu’il désigne y est suggérée à maintes reprises. J’évoque à titre illustratif juste trois références :

  • Dans le second livre des Martyrs d’Israël, appelé encore les Maccabées, au chapitre 12 versets 38 à 45, on lit que certains soldats de l’armée d’Israël conduite par Judas étaient tombés sur le champ de bataille. Le lendemain, quand les survivants sont allés pour relever les corps en vue de l’inhumation, « ils trouvèrent sous la tunique de chacun des morts des objets consacrés aux idoles de Jamnia que la Loi interdit aux Juifs. Il fut ainsi évident pour tous que c’était là la raison pour laquelle ces soldats étaient tombés… Ayant alors fait une collecte par tête, Judas envoya jusqu’à deux mille drachmes à Jérusalem, afin qu’on offrît un sacrifice pour le péché… Il fit faire pour les morts ce sacrifice expiatoire, afin qu’ils fussent absous de leur péché. »

Dans ce passage, tout est dit : l’existence du purgatoire et la nécessité de prier pour les morts. Car si un sacrifice est fait pour que des morts soient absous de leurs péchés, il ne s’agit sûrement pas des morts qui sont déjà au ciel – puisqu’ils n’en ont plus besoin -, ni des morts qui sont en enfer puisque ceux-ci ne peuvent plus être sauvés. Il s’agit donc des morts qui sont dans un état intermédiaire entre l’enfer et le ciel, et c’est cet état qu’on appelle purgatoire !

  • Dans l’évangile de Matthieu au chapitre 12 verset 32, Jésus dit : « Si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, cela ne lui sera pardonné ni en ce monde ni dans le monde à venir. » Dans cette assertion, nous pouvons comprendre sommairement que certains péchés peuvent être pardonnés dans ce monde et d’autres dans le monde à venir, tandis que le péché contre l’Esprit Saint, quant à lui, ne peut être pardonné ni en ce monde ni dans l’autre ! Alors, cet autre monde, ce « monde à venir » où le pardon est encore possible, ne peut être ni le paradis où il n’y a pas de péché, ni l’enfer où il n’y a pas de pardon. Il s’agit donc d’un monde intermédiaire entre l’enfer et le ciel : et c’est ce monde que nous appelons purgatoire !
  • Dans sa première lettre aux Corinthiens chapitre 3 versets 12 à 15, Saint Paul stipule qu’au jour du jugement, le feu éprouvera l’œuvre de chacun. Alors « celui dont l’œuvre subsistera recevra un salaire. Celui dont l’œuvre sera consumée en sera privé ; lui-même sera sauvé, mais comme on l’est à travers le feu. » Chers frères et sœurs, nous savons qu’au ciel, on est déjà sauvé. Nous savons aussi que le feu de l’enfer ne sauve pas mais procure plutôt la mort éternelle. Alors, de quel feu parle saint Paul, sinon d’un feu intermédiaire entre le feu éternel de l’enfer et les joies du paradis ? Ce feu intermédiaire qui purifie et sauve, nous l’appelons purgatoire !

Après ce parcours biblique qui atteste l’existence du purgatoire, il nous faut maintenant découvrir comment secourir ces âmes souffrantes. A cet effet, retenons que dans la Communion des Saints, c’est-à-dire par le Lien de charité qui unit les Saints du Ciel, les chrétiens de la terre et les âmes du purgatoire, toutes sortes de bonnes œuvres peuvent être offertes à Dieu pour le soulagement des âmes du purgatoire : prières et exercices spirituels, jeûnes et aumônes, œuvres de miséricorde et indulgences, etc. Mais le moyen le plus efficace pour délivrer les âmes du purgatoire est le saint sacrifice de la messe qui est le renouvellement non sanglant du sacrifice de la Croix. Le témoignage suivant en dit long :

« A Cologne, deux dominicains étaient réunis par une grande piété et une égale dévotion aux âmes du Purgatoire. Ils vinrent à se promettre que le premier qui mourrait serait secouru par l’autre, de deux Messes par semaine toute une année. Un jour, l’un des deux dominicains, le bienheureux Suzo, apprit que son ami venait de mourir. Il s’empressa de beaucoup prier pour lui, de s’imposer de grandes pénitences, mais il avait totalement oublié les messes promises. Un matin où Suzo priait à la chapelle, il vit tout à coup son ami lui apparaître ; le cher défunt lui reprocha son infidélité. Suzo cherchait à s’excuser en lui rappelant les nombreuses prières et les bonnes œuvres qu’il avait faites pour lui ; mais le défunt s’écria : Oh non, non ! Cela n’est rien comparé à la Sainte Messe pour éteindre les flammes qui me brûlent ! »… Et il disparut.

Suzo, très impressionné, se promit de réparer cet oubli, au plus vite. Il alerta plusieurs prêtres pour l’aider à soulager son cher défunt par de nombreuses messes. Au bout de quelques jours de ce charitable secours, le défunt apparut à Suzo environné d’une grande lumière, le visage rayonnant  de bonheur et il lui dit : « Je vous remercie, mon fidèle ami, de la délivrance que je vous dois. Grâce aux saintes messes qui ont été dites pour moi, je suis sorti du Purgatoire et je monte au ciel où je verrai, face à face, le Bon Dieu que nous avons adoré si souvent ensemble ». Et il disparut. » Les âmes du purgatoire dans la vie des Saints, Textes rassemblés par Jacques Lefèvre, pp. 36-37

Amis visualisateurs, le purgatoire existe donc bel et bien. Il ne s’agit pas d’un châtiment divin mais d’une invention de sa miséricorde. Les âmes qui se purifient sont déjà assurées de leur salut et sont reconnaissantes à Dieu dont la bonté les a rachetées. Ainsi, elles perçoivent leurs tourments comme une nécessité et ne sont nullement révoltées. Et pourtant, les souffrances du purgatoire ne peuvent être comparées à aucune souffrance de la terre. Dans les Annales des frères Mineurs, à l’année 5, on lit ce témoignage : Un Franciscain souffrait depuis longtemps d’une douloureuse maladie. Finalement, il perdit patience et se prit à désirer la mort afin d’être délivré de ses maux. Alors, son ange lui fut envoyé pour lui proposer de choisir.

  • « Puisque vous êtes fatigué de souffrir en cette vie, Dieu a résolu d’exaucer votre prière. Choisissez soit de sortir immédiatement de ce monde et de subir trois jours de purgatoire, soit de vivre encore un an dans vos souffrances, et alors vous irez directement au ciel. » Le choix fut aussitôt fait sans hésitation :
  • « J’aime mieux mourir tout de suite, répondit le pauvre religieux, au risque de souffrir au purgatoire non pas seulement trois jours, mais tant qu’il plaira à Dieu. Ma vie présente est une mort continuelle, et je ne pense pas que je puisse jamais éprouver rien de pareil. »
  • « Eh bien, reprit l’ange, il sera fait comme vous le souhaitez, vous allez mourir aujourd’hui, préparez-vous donc à recevoir au plus tôt les derniers sacrements. »

Alors, le religieux raconta sa vision, reçut les derniers sacrements et expira. Au bout d’un jour, son ange vint le visiter au purgatoire :

  • Eh bien, lui dit-il, comment appréciez-vous votre choix ? Préférez-vous toujours le purgatoire aux souffrances de la terre ?
  • Oh, combien j’ai été aveugle, répondit l’âme, mais vous, vous avez été bien cruel. Vous me parliez de trois jours, et voici plusieurs siècles déjà que je suis dans les flammes.
  • Eh quoi, répliqua l’ange, vous vous lamentez de la sorte, et vous m’accusez de vous avoir trompé ! Mais, il n’y a pas encore vingt-quatre heures que vous êtes mort ! Ce n’est pas le temps, c’est la rigueur de la peine qui vous trompe. Un instant vous paraît une année, une heure vous semble un siècle. Mais je vous l’affirme, il n’y a pas encore un jour que vous souffrez, et votre corps n’a pas encore reçu la sépulture. C’est pourquoi, si vous vous repentez de votre choix, Dieu vous permet de retourner sur la terre, afin d’y subir l’année de maladie qui vous reste.
  • Oh oui, je préfère ce parti : plutôt deux, trois, dix années de maladies affreuses qu’une seule heure dans ce séjour d’inexprimables angoisses. 

Alors l’âme fut ramenée dans son corps ; et pendant la dernière année que ce religieux vécut, il supporta avec patience les douleurs les plus aiguës, qui ne lui paraissaient plus rien. Puis au bout de l’année,  il mourut.

Ami visualisateur, le 21 juillet 1982 à Medjugorje, la Sainte Vierge disait : « Il y a beaucoup d’âmes qui sont au purgatoire depuis longtemps, car personne ne prie pour elles. » Figure-toi que parmi ces âmes délaissées figurent tes parents et proches, tes amis, tes bienfaiteurs. Continueras-tu à les ignorer, à passer toute une journée sans la moindre prière pour les morts ? La Justice divine a curieusement disposé les choses de telle sorte que ceux qui ne prient pas pour les morts ne reçoivent eux-mêmes à leur tour aucun secours, oui aucun secours…

Culte catholique des Saints

Par Le 18/07/2019

Le culte des saints est l’une des pratiques de l‘Eglise Catholique faisant objet de critiques. Certaines confessions religieuses pensent que c’est tout simplement de la nécromancie. Cette vidéo se donne pour objectif de fournir des éclaircissements à ce sujet, non pour forcer ceux qui ne veulent pas prier les saints à le faire, mais pour conforter dans leur dévotion ceux qui le font, afin qu’ils continuent à puiser dans l’insondable richesse du Christ, qui dans sa bonté incommensurable, a tout rassemblé en un seul Corps où les membres, unis dans un même amour, sont appelés à avoir soin les uns des autres. Après une brève réfutation de la nécromancie, nous ferons comprendre le culte des saints au cœur de la théologie paulinienne du Corps mystique du Christ. Ensuite nous répondrons aux diverses objections, à savoir : le culte des saints est-il une idolâtrie privant Dieu de sa gloire ? Le culte des saints ne porte-t-il pas atteinte à l’unique Médiation du Christ ? Si je ne prie pas les saints, y a-t-il un mal à cela ? Pourquoi prier tel Saint pour tel cas et un autre Saint pour tel autre cas si au demeurant tout nous vient de Dieu par le Christ ? Enfin nous explicitons le vrai culte catholique des saints qui ne consiste pas seulement à prier les saints, mais aussi à les imiter pour parvenir là où ils sont.

Commençons par réfuter la critique selon laquelle le culte des saints serait de la nécromancie. La nécromancie se définit comme technique divinatoire permettant de connaître le passé ou le futur par l’évocation des morts. Or dans le culte des saints, rien de tel, il n’est question ni de connaître le passé ni de dévoiler l’avenir. Et l’honneur rendu aux saints leur est rendu non en tant que morts mais en tant que vivants avec Dieu et en Lui. Ils sont en effet désormais plus vivants que nous qui sommes encore dans la chair, dans la mesure où ils vivent pleinement de la Vie de Dieu. Jésus dit en effet : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra » (Jean 11, 26) et dans la controverse avec les Sadducéens, il déclare : « Il n’est pas le Dieu des morts, mais des vivants » (Marc 12, 27). Quant à la preuve que les Saints vivent avec Dieu, Jésus le fait entrevoir à ses Apôtres dans l’épisode de la Transfiguration, où Moise et Elie apparaissent avec Lui dans la gloire. Et lorsque l’un des brigands crucifiés avec Jésus lui dit : « Seigneur, souviens-toi de moi, quand tu reviendras dans ton royaume. », Jésus lui répond : « En vérité, je te le dis, aujourd’hui même, tu seras avec moi dans le Paradis. » (Luc23, 42-43) Bref, les saints ne sont pas des morts mais des vivants, qui vivent avec Dieu et en Lui. Et c’est seulement en tant que tels que tout honneur leur est voué, que leur intercession est demandée. Tout ceci se comprend au cœur de la communion des saints.

1.     La Communion des saints (article de foi chrétienne) : Le culte des saints est à comprendre dans le contexte de la théologie paulinienne du Corps mystique du Christ. Saint Paul explique : « Tous, en effet, nous avons été baptisés dans un seul esprit pour former un seul corps (1Co12,13) … Il y a donc plusieurs membres mais un seul corps (verset 20) … qu'il n'y ait pas de division dans le corps, mais que les membres aient également soin les uns des autres (v. 25). » Selon cette théologie de Saint Paul, nous pouvons résumer la Communion des Saints en 4 points 1. Tous les chrétiens sont membres du Corps du Christ. 2. Il n’y a qu’un seul Corps du Christ. 3. Tous les membres, unis dans le même Esprit et le même amour, doivent s’entraider mutuellement. 4. Ce lien de charité, rien ne peut le briser, pas même la mort : « Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni les forces des hauteurs ni celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus Christ, notre Seigneur. » Rm 8,38. Si donc nous prions les uns pour les autres ou que nous demandons aux Saints de prier pour nous, c’est forts de ce devoir de solidarité qui unit les membres du Corps du Christ, peu importe le temps ou l’espace.

Venons-en maintenant à quelques objections :

a.               La première objection dit : En Isaie 42,8 Yahvé déclare : « Ma gloire, je ne la donnerais pas à un autre. » Le culte des saints ne prive-t-il pas Dieu de sa gloire ?

Il faut d’abord savoir que Dieu est le seul Saint, et que toute sainteté vient de Lui. C’est pourquoi la Préface des saints dit : « Tu es glorifié dans l’assemblée des saints : lorsque tu couronnes leurs mérites, tu couronnes tes propres dons. » Ensuite, dans le verset d’Isaïe où Dieu déclare ne pas vouloir donner sa gloire à un autre, il désignait par « autre » les idoles et les divinités (cf. tout le chapitre 41 et 42), et non des personnes avec lesquelles Il fait désormais un et avec lesquelles Il partage volontiers sa gloire, selon cette parole de Jésus : « Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes un, moi en eux comme toi en moi ». Ainsi, on comprend qu’en honorant les saints, les fidèles ne font qu’imiter Dieu, qui le premier les honore et d’une manière infiniment plus élevée, répondant ainsi à l’invitation de Saint Paul : « Imitez Dieu, car vous êtes les enfants qu’il aime. » Ephésiens 5,1. Il faut pourtant noter la différence essentielle entre les cultes : la latrie, culte d’adoration que les catholiques vouent à Dieu seul, puis la dulie, honneur rendu aux saints, et à l’intérieur de cette dulie l’hyperdulie, hommage rendu à la Vierge Marie, Mère de notre Sauveur et Seigneur Jésus Christ compte tenu de son rang éminent dans l’assemblée des sauvés.

b.     La deuxième objection dit : Le voile s’est déchiré (Marc 15,38), nous avons maintenant accès au Saint des Saints (Hébreux 10,19). Alors, pourquoi chercher encore des intermédiaires au lieu d’aller directement à Jésus ? Cela ne porte-t-il pas atteinte à l’unique médiation du Christ affirmée avec tant de force dans les Ecritures ?  

L’objection est pertinente, car l’épitre aux Hébreux affirme bien « approchons-nous avec assurance du trône de la grâce, afin d’obtenir miséricorde et de trouver grâce, pour être aidés en temps voulu » (He 4,16). Mais l’objection ne semble pas aller jusqu’au bout de sa logique. Car si le voile est déchiré pour ceux qui sont encore sur la terre, il l’est davantage encore pour ceux qui vivent déjà auprès de Dieu. C’est d’ailleurs pourquoi le récit du voile déchiré enchaîne aussitôt avec des allusions à la résurrection des morts : « Et voici que le voile du sanctuaire se déchira en deux du haut en bas… les tombeaux s’ouvrirent, les corps de nombreux saints défunts ressuscitèrent… ils entrèrent dans la ville sainte et apparurent à un grand nombre de gens. » (Mt 27,51-53). Bref, il n’y a plus de rideau entre Dieu et les saints, plus de barrière, puisqu’ils vivent en lui. Ils sont désormais transformés en Dieu dans une transformation d’amour et font un avec Lui : « Que tous soient un comme toi, Père, tu es en moi et que je suis en toi, qu’ils soient en nous eux aussi… moi en eux comme toi en moi. » (Jean 17,21-23).

Par rapport à l’unique médiation du Christ, nous lisons dans les Ecritures : « Il n’y a qu’un seul Dieu, un seul médiateur aussi entre Dieu et les hommes, un homme : Christ Jésus, qui s’est donné en rançon pour tous. » (1Tm 2,5-6). Il faut comprendre que l’intercession et la prière des saints se situent dans le cadre de l’unique Médiation du Christ. Faisons comprendre cela à travers d’autres illustrations. Lorsqu’en Jean 10,16 par exemple, Jésus dit qu’Il est le seul berger, cela ne l’empêche pas de dire trois fois de suite à Pierre : « Sois le berger de mes brebis. » (Jean 21,15-17). Lorsque Jésus dit : « Le Père ne juge personne, il a remis tout jugement au Fils » (Jean 5,22), cela ne l’empêche pas, Lui Unique Juge des vivants et des morts, d’instituer aussi les Apôtres comme juges du monde à venir : « Lors du renouvellement de toutes choses, quand le Fils de l’homme siégera sur son trône de gloire, vous qui m’avez suivi, vous siégerez vous aussi sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israel. » Mt 19,28 / Luc 22,30. C’est dans le même sens que Saint Paul interroge les Corinthiens : « Ne savez-vous donc pas que les saints jugeront le monde ? » (1Co6,2). En somme, c’est en Jésus que les saints sont médiateurs, bergers et juges.

Par ailleurs, si la médiation unique de Jésus Christ excluait l’intercession des saints, alors elle exclurait aussi le fait de demander aux frères et sœurs de prier pour nous. Car quand vous demandez à un frère ou une sœur, un prêtre ou un pasteur, de prier pour vous, au lieu d’aller directement vers Jésus, vous demandez à une autre personne d’agir pour vous en médiateur auprès de Jésus…

Venons-en maintenant à la question : « Suis-je obligé de prier les saints ? »

c.      Si je ne prie pas les saints, y a-t-il un mal à cela ?

Sachons d’abord que l’Ecriture recommande que nous priions les uns pour les autres : « Priez les uns pour les autres, afin d’être guéris. » (Jc 5,16). Saint Paul se recommande instamment aux prières des fidèles : « Frères, priez pour nous, afin que la parole du Seigneur poursuive sa course… et que nous échappions aux hommes méchants et mauvais » (2Th3,1-2). Saint Jean contemple dans sa vision la prière des saints sous le symbole d’un parfum (Apocalypse5,8), il voit la prière des saints monter devant Dieu (8,3-4). Le Seigneur disait par ailleurs à Jérémie (Jr15,1) : « Même si Moise et Samuel se tenaient devant moi, je resterais insensible à l’égard de ces gens. » Or Moise et Samuel étaient déjà morts au moment où Dieu parlait. Pourquoi le Seigneur évoquerait-il cette possibilité si elle n’existait pas ? Prier les uns pour les autres est un devoir de charité entre les membres du Corps du Christ. Mais si pour vous ce devoir de charité s’estompe avec la mort, si pour vous le Corps du Christ n’existe que sur la terre, c’est que pour vous Christ n’a pas encore vaincu la mort. Or Il l’a vaincue comme le Père l’avait prévu « pour récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. » (Ephésiens 1,10).

Venons-en maintenant à l’efficacité de l’intercession des Saints.

Jésus Christ est le seul Médiateur, certes, mais la Bible mentionne à maintes reprises des hommes qui ont eu à intercéder pour d’autres hommes. En Genèse 20,17 nous lisons : « Abraham intercéda auprès de Dieu, et Dieu guérit Abimélek, sa femme et ses enfants qui eurent des enfants. » Bien auparavant au chapitre 18, nous voyions Abraham intercéder pour Sodome et Gomorrhe. A maintes reprises, Moïse aussi intercède pour le peuple d’Israël. Un exemple éloquent d’intercession est l’épisode du combat d’Amaleq contre Israël, où Dieu n’accorde la victoire à ce dernier que si Moïse a la main levée : « Quand Moise élevait la main, Israël était le plus fort ; quand il reposait la main, Amaleq était le plus fort... » (Exode17,11-13). On peut citer d’autres intercesseurs comme Samuel (1Samuel 7,2-17) : « Samuel cria vers le Seigneur en faveur d’Israël et le Seigneur lui répondit. » (v. 9), Elie (1Rois17,17-24) : « Le Seigneur entendit la voix d’Elie, et le souffle de l’enfant revint en lui, il fut vivant. » (v.22), Elisée (2Rois3-8), Job (Job 42,8ss), le grand prêtre Onias (2 Maccabées 15,11-16) et les Apôtres qui au Nom de Jésus multiplièrent signes et prodiges.

S’ils l’ont fait avec fruit sur la terre, y a-t-il de raison qu’ils ne puissent le faire au ciel où ils vivent désormais dans la gloire de Dieu ? Bien au contraire, la grâce perfectionnant la nature et la gloire sublimant la grâce, leur intercession ne peut désormais qu’être plus efficace. Le plus important à souligner est que quels que soient les Saints que nous invoquons, tout nous est accordé en Jésus et par Lui comme l’affirme l’Ecriture : « De sa plénitude en effet, tous, nous avons reçu, et grâce sur grâce. » (Jean1,16), « Il nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les cieux en Christ. » (Ephésiens 1,3).

Au demeurant, se servir d’intermédiaire n’est pas un manque de foi comme le croient certains. L’histoire du centurion nous prouve plutôt le contraire. Il ne se voit pas digne d’aller lui-même trouver Jésus et envoie pour cela quelques notables des Juifs le représenter pour prier Jésus de sauver son esclave malade. Or de lui Jésus dira : « En vérité, je vous le déclare, chez personne en Israël je n’ai trouvé une telle foi. » (Mt8,10). Se servir d’intermédiaires ne ralentit pas non plus le processus de l’exaucement, au sens où certains pensent qu’en priant les Saints, on emprunte des chemins plus longs. L’histoire des noces de Cana démontre exactement le contraire. L’heure de Jésus n’avait pas encore sonné ; et loin de la ralentir, la médiation de Marie semble plutôt la précipiter (Jean2,1-11).

Une dernière question est la suivante :

d.     Pourquoi prier tel Saint pour tel besoin particulier si en définitive tout nous est donné par l’Unique Médiation de Jésus ?

Le fait que l’on invoque tel saint pour tel cas et tel autre saint pour tel autre cas se comprend dans la théologie des dons et charismes où chacun reçoit quelque chose du même Esprit pour le bien de tous (1Co12,4-11) : « Les dons de la grâce sont variés, mais c’est le même Esprit. Les services sont variés, mais c’est le même Seigneur. Les activités sont variées, mais c’est le même Dieu qui agit en tout et en tous. À chacun est donnée la manifestation de l’Esprit en vue du bien de tous. À celui-ci est donnée, par l’Esprit, une parole de sagesse ; à un autre, une parole de connaissance, selon le même Esprit ; un autre reçoit, dans le même Esprit, un don de foi ; un autre encore, dans l’unique Esprit, des dons de guérison ; à un autre est donné d’opérer des miracles, à un autre de prophétiser, à un autre de discerner les inspirations ; à l’un, de parler diverses langues mystérieuses ; à l’autre, de les interpréter. Mais celui qui agit en tout cela, c’est l’unique et même Esprit : il distribue ses dons, comme il le veut, à chacun en particulier. »

Chaque partie du corps joue un rôle précis. C’est pourquoi on invoque volontiers Saint Joseph, chef de la sainte Famille, pour les familles, Saint Etienne pour le courage dans la persécution, Saint Pierre pour les signes d’autorité et de puissance, Saint Paul pour la prédication, Saint Benoît et Saint Padre Pio dans le combat contre les esprits mauvais, Sainte Rita pour les causes désespérées, etc. Cela a généralement quelque chose à voir avec les dons de Dieu qui se sont manifestés en eux pendant leur vie terrestre ou les premiers miracles obtenus par leur intercession après leur mort.

Dernier point de cette réflexion : S’agit-il seulement de prier les saints ou aussi de les imiter ?

Le juste culte catholique des saints ne se limite pas à les prier. Ils nous sont donnés en modèles. Certes Jésus est l’unique Modèle parfait que nous sommes tous appelés à imiter, pourtant Saint Paul ne manque pas de dire : « Prenez-moi pour modèle, mon modèle à moi c’est le Christ » (1Co11,1) ou « Tous ensemble, imitez-moi, frères, et fixez votre regard sur ceux qui se conduisent suivant l’exemple que vous avez en nous. » (Ph3,17). Ces modèles humains nous privent de l’alibi selon lequel nous ne pouvons pas imiter Jésus qui est à la fois homme et Dieu. Nous sommes donc appelés à vivre dans la communion des saints, notamment ceux dont nous portons le nom, et à lire leur vie, évangile vivant, pour pouvoir imiter leurs exemples. La lecture de la vie des saints a renouvelé bien des vies. Le rayonnement et l’influence de grands saints tels Saint Augustin, saint Benoît, Saint Ignace de Loyola, Thérèse d’Avila, Thérèse de l’Enfant Jésus, Padre Pio et autres, avec les nombreux miracles attribués à leur intercession, restent des arguments qui fondent solidement le culte catholique des saints. Que tous les Saints du Ciel intercèdent pour nous. Amen !

Quels corps aurons-nous à la résurrection ?

Par Le 18/07/2019

Tous les hommes viennent dans ce monde en naissant d’une femme, mais tous ne quittent pas ce monde de la même manière. Il y en a qui dorment et ne se réveillent plus, sans que l’on sache ce qui a pu se passer dans leur sommeil. Certains meurent soudainement par AVC ou crise cardiaque. D’autres meurent des suites d’une longue maladie. D’autres encore meurent par accident de circulation. Il y en a qui meurent de faim, de soif ou lors de catastrophes naturelles comme les inondations, les tremblements de terre, les tsunamis, les éruptions volcaniques, les tempêtes, la foudre, etc. Pendant les guerres, certains sont fusillés, égorgés, mutilés, bombardés. L’histoire de l’Eglise nous apprend que des Apôtres et chrétiens persécutés ont été, à la suite de Jésus lui-même, crucifiés (ex : St Pierre, St André). D’autres, comme St Ignace d’Antioche, ont été livrés en pâture aux bêtes féroces. D’autres encore comme les saints Martyrs de l’Ouganda, St Charles Lwanga et ses compagnons, ont été brûlés vifs. Il y en a qui comme Saint Jacques ou Saint Paul ont été décapités, guillotinés, d’autres ont été frits à l’huile ou rôtis au feu. Pendant les persécutions dirigées contre les Juifs, persécutions communément appelées la shoah, qui a duré de 1941 à 1945 et occasionné environ 6 millions de morts, beaucoup parmi eux ont été gazés dans des camions à gaz, des chambres à gaz ou des fours crématoires.

La question est celle-ci : Face à la vérité chrétienne de la Résurrection de la chair, on peut se demander comment tous ces corps ressusciteront. Quelle apparence auront des corps qui ont été dévorés par des lions, des corps qui ont été frits ou rôtis, des corps qui ont subi la crémation, qui ont été calcinés, gazés ou incinérés ?

Pour entrer dans la compréhension du mystère de la résurrection de la chair, nous allons ensemble contempler le Corps de Jésus ressuscité. Comme nous le savons, il est mort par crucifixion. Exceptionnellement son corps n’a pas connu la corruption. Mais quand il ressuscite le troisième jour, Marie de Magdala ne le reconnaît plus (Jean 20,14-15), les disciples d’Emmaüs (Luc 24,16) non plus. Il est doté de propriétés lui permettant de traverser les murs, puisqu’il rejoint ses disciples dans la maison où ils étaient, toutes portes verrouillées (Jean 20,19). Curieusement le corps de Jésus ressuscité peut encore être touché (Jean 20,17). Il porte même parfois les marques de la crucifixion (cf. Jean 20). Plus curieusement encore, il mange du poisson grillé (Luc 24,43).

Ce que l’on peut conclure à ce niveau est que le corps de Jésus ressuscité est doté à la fois de propriétés matérielles et spirituelles. Partant de là il est à comprendre qu’à la résurrection nous ne serons pas qu’esprit. Si pour l’instant les saints et les bienheureux sont comme de purs esprits, le corps glorieux qui sera le nôtre à la résurrection de la chair récapitulera en lui les propriétés matérielles et spirituelles. Nous serons glorifiés dans tout notre être.

Pour en revenir à la question de départ : Que deviennent ceux qui ont été calcinés ? il faut dire que la question ne se limite pas seulement à ceux qui ont été calcinés, mais s’étend à tous ceux qui meurent, puisque de toutes façons, en dehors de quelques exceptions rares de corps conservés plus ou moins intacts, tous passent par la putréfaction et finissent par devenir poussière.

Alors comment ressuscitera notre chair ? Saint Paul l’explique dans sa première épitre aux Corinthiens en utilisant l’analogie de la semence. Un grain nu est semé, il meurt puis Dieu lui donne corps, comme il veut et à chaque semence de façon particulière. Ainsi aucun corps n’est identique à l’autre. Mais pour tous « semé corruptible, on ressuscite incorruptible ; semé méprisable, on ressuscite dans la gloire ; semé dans la faiblesse, on ressuscite plein de force ; semé corps animal, on ressuscite corps spirituel. » (1Co15,42-43). Un autre détail important : tous les corps n’auront pas le même éclat. Un est en effet l’éclat du soleil, autre celui de la lune et autre celui des étoiles ; une étoile même diffère en éclat d’une autre étoile. (1 Co 15,41). Selon St Jean-Marie Vianney, plus les corps auront été forgés dans la mortification, plus ils brilleront.

Oui, chers frères et sœurs, au dernier jour, nous resplendirons, corps et âme réunis en un, en fonction du degré de sainteté et d’amour auquel nous serons parvenus au terme de notre vie.

Il s’agit donc d’une transformation que Dieu opérera par sa seule Puissance, une transformation où tout ce qui est corruptible revêtira l’incorruptibilité et ce qui est mortel revêtira l’immortalité. Cette transformation s’opérera tant en ceux qui seront déjà morts qu’en ceux qui seront encore vivants, car dit Saint Paul : « Nous ne mourrons pas tous, mais tous nous serons transformés, en un instant, en un clin d’œil. » (1Co15,51-52) Maranatha. Amen, viens Seigneur Jésus !