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Débats tous azimuts

L'Afrique, ça doit changer ! Mais par où commencer ?

Par Le 28/07/2019

 

Toute révolution commence par un petit noyau : un penseur, un leader, puis un suiveur et d'autres suiveurs. Déjà travailler à changer les mentalités serait un atout considérable. L'esprit d'abnégation est indispensable pour constituer un peuple uni capable de résister à la pression des Lobbys et changer les paradigmes.

Cette discussion à bâtons rompus a eu lieu sur notre forum suite à l’article « La France aura recours à l’arme nucléaire si un pays africain ose quitter le FCFA » relayé par Google Actualités et dont le lien a été envoyé sur la plateforme.

 

Jean-Baptiste : Si le système est maintenu c'est la faute à l'enseignement que nous recevons. C'est un manque de volonté général. Nous attendons que Dieu vienne changer les choses pour nous. Prions, disons-nous tout le temps, Dieu s'en chargera. Comme si ce qui relève de nous, c'est à Dieu de le faire. Ce qu’il faut, c’est un penseur, puis un leader, puis un suiveur et d'autres suiveurs. Les décideurs ne sont pas les politiques (C'est l'erreur que nous faisons !). Les décideurs sont à créer ici et maintenant par nous qui réfléchissons. Plan stratégique à établir. SWOT = FORCE, FAIBLESSES, OPPORTUNITÉS, RISQUES.

Désiré : La méthode SWOT que nous étudions en gestion et planification des projets servirait, d'accord. Mais qui devra s'en servir au prime abord ? Qui devrait mesurer les forces, les faiblesses, les opportunités et les risques ? Est-ce une volonté générale ? Aujourd'hui qui décide pour le système éducatif ? N'oublions pas d'où nous sommes partis. Nous réfléchissons sur les questions, nous avons des propositions. Mais comment les mettre en application ? Comment les verser au compte de ceux qui décident du modèle éducatif à adopter s'ils sont fermés à tous conseils ? Je ne parle pas d'abord en tant que citoyen. La volonté populaire ne décide pas de ces choix dans nos pays africains subsahariens. C'est toujours des consultations biaisées. Je prends simplement l'exemple de l'introduction de l'éducation à la sexualité dans nos écoles.

David AMOUSSOU : Quand la masse elle-même ne sait pas ce qu'elle veut, elle est conduite forcément là où elle ne veut pas...elle est obligée de subir en attendant que l'espèce se renouvelle... Et il ne faut pas regarder les politiques qui sont eux-mêmes au service d'autres personnes qui n'ont que faire du peuple... Il faudra à un moment changer les paradigmes où c'est quelques-uns qui tiennent les ficelles. À peine 1% de la population mondiale détient 99% de la richesse du monde. Et les 99% se partagent 1% de la richesse.  Pire ils sont à la solde de ces derniers... Voilà la réalité. Déjà travailler au niveau de la mentalité sera un atout considérable... Autrement les gens à qui ça doit profiter n'en voient même pas l'enjeu. LA SEULE MISSION DE NOTRE GENERATION, JE LE DIS, C'EST D'OEUVRER POUR CHANGER LES MENTALITÉS.... On aura donné alors une base solide à tout ce qui viendra... Que ce soit développement humain, économique ou spirituel... Car sans cela, la religion même devient un frein. La mentalité, c'est là le véritable combat. On croit que soutenir un frère pour un projet noble nous diminue... Ou encore se mettre ensemble et oublier notre ''ego leadership'' nous rabaisserait, et chacun se met dans son mètre carré pour faire des actions sans impacts majeurs. À côté de cela il y a l'esprit de sacrifice et d'abnégation qui manque.

Désiré : Je suis tout à fait d'accord avec ça. C'est pourquoi je dis que toute révolution commence toujours par un petit noyau. Et travailler à changer les mentalités quand bien même c'est une tâche assez difficile et un travail de longue haleine n'adviendra pas à force de discours uniquement, mais surtout par un témoignage de vie dans tous les domaines. Le mouvement est déjà en branle un peu partout dans le pays et dans la sous-région. C'est une tâche difficile car on a comme l'impression que nous sommes dans un panier à crabes où personne ne veut laisser l'autre sortir. Ici c'est comme si chacun travaille à émerger seul. Ce qui est tout à fait contraire à la logique de la nature elle-même. Je n'en veux pour preuve que la polémique sur le rejet du franc CFA. Pour l'introduction de la sexualité dans nos écoles, nous avons travaillé au conseil national de l'enseignement catholique à proposer quelque chose au gouvernement, mais curieusement, notre gouvernement ferme les yeux sur ce qui est proposé sachant très bien la pertinence des propositions et introduit progressivement le programme dans tout le système éducatif béninois où les candidats aux divers examens sur le plan national devront être évalués... c'est là où je me dis qu'il y a un problème au niveau de ceux qui décident de notre modèle éducatif dans le système.

David AMOUSSOU : C'est une histoire de pression venant des lobbys et comme les nôtres préfèrent sauver leurs têtes, ils sacrifient les générations... Non pas qu'ils ne voient pas mieux que nous ce qui devrait être fait, mais ils ne veulent pas être persécutés ... Et dans de pareilles situations, la prise de conscience de la masse est primordiale pour leur mettre la pression. Un peuple uni est incontournable. C'est là où nous autres devrions être à l'œuvre.

Jean-Baptiste : César a construit un pont, lisions-nous, dans la grammaire latine. César lui-même n'avait pas la connaissance et n'avait pas tenu un clou, ni une truelle mais il a fait faire. Dans les villages où nous sommes curés ou vicaires, avons-nous réfléchi à mobiliser les ressources des lieux pour amélioration des conditions sociologiques ? Où trouverons-nous l'argent, objecterez-vous? Ce n'est pas d'abord l'argent qui fera changer... A côté de plusieurs "Jéricho", a-t-on organisé une seule séance d'instruction sur un sujet d'intérêt général ou sur une restructuration du commerce ou des activités des paroissiens ? Une hirondelle ne fait pas le printemps mais il annonce sa venue certaine et prochaine.

Mathieu : Ces initiatives ne manquent. Seulement que les hommes ne sont pas disposés à les accueillir. On dirait qu'ils sont des hommes d'un moment, mieux les hommes de l'instant où l'initiative est prise.  Passe le temps puis ils abandonnent les projets. De ce fait, il urge que nous cultivions la perséverance et l'endurance.

Bénin, 59 ans d'une indépendance en mode téléchargement lent

Par Le 02/08/2019

 

Hier 1er août 2019, le Bénin célébrait ses 59 ans d’indépendance. Mais sommes-nous vraiment indépendants ou l’indépendance est-elle encore « en mode téléchargement avec un débit très lent » ? Tout semble se passer comme chez le nourrisson qui réclame son droit à l'autonomie mais ne veut rien faire dans le sens de son sevrage !

 

Igor : Bonjour chers confrères. En ce 1er août, j'ai copié pour vous l'intégralité de cette vidéo qu'un confrère nous a servi dans un forum ; et je pense que ces discours pourraient être aussi intégrés dans les programmes d'histoire de nos collèges et pourquoi pas, mimés de temps en temps ! Je suis convaincu qu'un film peut devenir "film-culte" pour une génération désireuse de s'identifier à un idéal : l'arrivée au pouvoir d'Obama a été stimulée par des discours, des films... Black panther est un film révolutionnaire. Il y a de ces Communications qui marquent les esprits et qui peuvent concrétiser des rêves. Qu'en pensez-vous ?

 

David AMOUSSOU : Croyez-vous que nous sommes vraiment indépendants ? Ce jour devrait être un jour de lamentation collective. L'indépendance n'est pas une question de terre, de territoire, de pseudo souveraineté etc.  La première indépendance est mentale et nous en sommes encore très loin. Sans elle, tout ce qui suit n'est que du folklore. BONNE FÊTE DE LA DÉPENDANCE, Car l'indépendance est encore en téléchargement en débit très lent...Courage.

 

Florentin OGOULOLA : À quoi ont servi les anciens programmes acquis depuis l’indépendance ? Si ce n'est pour faire de notre nation "un quartier latin d’Afrique", si ce n'est pour faire de nous des penseurs et non des acteurs. Oui tous ces programmes ont plutôt contribué à bâtir nos têtes et non à changer nos vies.  C'est vraiment l'homme africain qui est en question. Et toute la problématique est là. La connaissance doit descendre dans le cœur et se monnayer dans les membres. Bref c'est toute la vie concrète qui doit en être imprégnée pour impacter la société. Sinon nous passerons toute notre vie à parler tout le temps de changement de mentalité. Mais rien ne changera vraiment. Nous sommes encore très liés par beaucoup de choses encore. Nous ne sommes pas encore indépendants. Nous sommes encore très colonisés mentalement, matériellement, intellectuellement même si tout montre que physiquement nous sommes libres. Sinon comment comprendre que........Nous vivons en général des autres, les critiquons, mieux nous trouvons les bons mots pour des analyses pertinentes de notre destin africain. Mais concrètement il n'y a personne sinon que peu, pour agir, si ce n'est pas pour démotiver et démobiliser ceux qui s'efforcent par nos actes fratricides qui n’impliquent qu'une autodestruction.  Si nous ne le faisons pas par des actes concrets, ce n'est pas les autres qui vont nous défendre. Apprenons donc à dire nous et non pas moi, à jeter des fleurs dans la vie des autres, à les bâtir et ensemble c'est nous tous qui sommes vainqueurs. Comme les Français (et les citoyens des autres pays développés) ne disent jamais moi mais la France. Avoir un esprit altruiste et patriotique avéré.

Les discours et les films ne sont que des moyens de communication. Le plus important, je pense, c'est la capacité d'intégration et l'accueil que l'on réserve au message. Ce ne sont pas les instructions qui manquent. Les médias et professionnels de l'audio-visuel utilisent déjà chez nous ce canal (audio-visuel) pour véhiculer leur message. Les différents mouvements et associations passent aussi par ces moyens malheureusement souvent pour leurs ambitions politiques ou intérêts personnels. Les publicités à grands renforts médiatiques sur la vie civique et morale ont-elles pu changer réellement le quotidien des citoyens béninois ? Nous ne voulons pas citer des actes aliénants qui continuent de faire chemin allègrement à l'ère de ladite indépendance nationale. On ne saurait réduire l'indépendance et le développement d'une nation à des techniques de formation et d'information. Je continue d'affirmer vertement et avec force que le problème, c'est l'être africain. Prendre le mal à la racine, c'est aller jusqu'à la cognée en considérant son environnement socio-culturel qui l'a porté, bercé et dans lequel il a baigné tout le temps. Si l'arrivée de Obama au pouvoir a été stimulée par des films, il faut savoir que comparaison n'est pas raison et cette transposition connaîtra vite son échec. Nous n'avons pas les mêmes histoires même si nous ne sommes pas réduits à notre passé. (Encore qu'un peuple sans histoire est une civilisation sans âme). Au total, l'impact psychologique qu'une méthode de communication audio-visuelle va produire chez le noir Américain ne sera jamais identique à celui de l'africain noir. Même méthode= >différents résultats.  Les Noirs américains marqués par les séquelles de la traite négrière étaient portés par la soif de libération et de luttes anticoloniales avec des mouvements, courants et méthodes conséquents. Nous nous sommes encore au débat et toujours. La distance qui sépare nos belles paroles des actes concrets d'autonomie équivaut encore à celle qui sépare le soleil de la terre.

Au fait tout se passe chez nous comme chez le nourrisson. Nous agissons exactement comme l'enfant encore au biberon qui réclame son droit à l'autonomie, bien que conscient de sa dépendance. Mais qui malgré tout son désir de se libérer de la dépendance, ne fait rien, ou ne veut rien faire dans le sens de son sevrage. Le problème est qu'il craint la douloureuse expérience de l'arrivée de cette période transitoire marquée de faim et ses corollaires de problèmes d'intégration des nouvelles habitudes alimentaires, qui loin de le hanter, serviraient pour lui de tremplin. „on ne peut pas faire les omelettes sans casser les œufs". 

 

David AMOUSSOU : Il faut agir, et agir déjà c'est passer par la communication, non pas pour y rester mais sans une bonne communication nous ne pouvons rien faire parce que les gens doivent comprendre avant de s'y mettre. C'est là ce que Igor dit, combien de nos jeunes maîtrisent comment nous avons eu notre indépendance pour la plupart des pays africains ? Il faut le développement qui se concrétise dans l'action mais il ne faut pas oublier qu'une communication profonde et stratégique est déjà une action concrète qui impacte tout l'être.  Quand quelqu'un n'est pas convaincu en son for interne, tu as beau faire de la magie, ça laisse indifférent. Il y'a des paroles en elles-mêmes qui sont indéniablement des actions concrètes et des actions qui sont des paroles.  Il ne faut négliger aucun aspect... Joindre l’utile à l'agréable.  Mais ne pas demeurer uniquement dans l'utopie. Il faut revoir notre système éducatif, revoir notre manière de définir les valeurs et leur mode de transmission... Tout ça passe par la communication...  Comment veux-tu que quelqu'un qui a grandi dans l'esprit de ''chacun pour soi'' puisse aller dans le sens du développement ? Il faut éduquer, éduquer passe par la communication et à cela on ajoute l'action.

 

Florentin OGOULOLA : La communication, et même la bonne, ne suffit plus ou ne peut plus résoudre le problème du sous-développement ou de la mentalité surannée de l'africain noir, puisque des techniques d'information et de formation existent chez nous depuis des décennies. Je comprends en effet que le manque de volonté et de conviction est handicap majeur au changement de l'être noir africain. Non aux débats intermittents sans prises sur le réel car les flots de paroles sans les implications concrètes sont des paroles sans âme. En définitive à la veille des 60 ans des luttes anticoloniales, nous ne saurions parler d'une indépendance nationale, mais plutôt d'un simulacre d'indépendance.

 

David AMOUSSOU : La communication dont on parle à mon humble avis n'existe pas encore... Autrement, on aurait eu beaucoup de Thomas Sankara et de Patrice Lumumba. Il ne s'agit pas de se mettre là à aligner des mots.... Il faut que l'homme soit touché au fond de son être, c’est ça qui déclenche en lui le changement de mentalité. Quand tous les africains prendront conscience de l'enjeu le monde tremblera... Mais pour l’heure, même nos chefs ne sont pas là pour le peuple mais pour ceux qui les ont mis là, donc n'attends pas d'eux des actions. Ce ne sera que celles qu'on leur a dictées.