Peut-on croire en la Bible sans croire l'Eglise Catholique ?

(Abbé Samson TAKPE)

 

Peut-on croire en la Bible sans croire l’Eglise Catholique ?

La question peut paraître inutile, assortie d’une réponse positive évidente. Mais pour qui sait d’où vient la Bible, ce n’est pas aussi évident. Cette vidéo se donne pour objectif de montrer le rôle qu’a joué l’Eglise Catholique dans la formation et la reconnaissance de la Bible telle que nous la connaissons aujourd’hui ; et à partir de là, d’élucider le lien intrinsèque entre la foi en la Parole de Dieu et la reconnaissance de l’autorité de l’Eglise qui la garantit ; lien en vertu duquel on ne peut croire en l’une sans croire en l’autre. Pour aboutir à cette conclusion, nous aborderons respectivement la question de l’inspiration des Ecritures et celle de la formation du canon, c’est-à-dire le processus de reconnaissance des livres inspirés. Par ailleurs, dans cette vidéo, nous emploierons indifféremment « Eglise » et « Eglise Catholique », parce que qui dit simplement Eglise dit toute l’Eglise, c’est-à-dire l’Eglise Universelle ou l’Eglise Catholique (catholique signifiant universel).

1.     Ceci dit, la Bible n’est pas un livre tombé du ciel. Elle s’est formée progressivement à travers l’histoire, une histoire de plusieurs siècles. Et contrairement à ce que pensent certains, elle n’a pas été rédigée de bout en bout d’un seul trait. Chaque livre de la Bible, à quelques exceptions près, a été au contraire rédigé en des fragments généralement indépendants rassemblés plus tard par un rédacteur final qui a assuré la cohérence du récit. Mais tout cela s’est passé avec la forte assistance de l’Esprit Saint : « Dieu a choisi des hommes auxquels il eut recours dans le plein usage de leurs facultés et de leurs moyens, pour que, lui-même agissant en eux et par eux, ils missent par écrit, en vrais auteurs, tout ce qui était conforme à son désir, et cela seulement. (…à telle enseigne que) les livres de l’Ecriture enseignent fermement, fidèlement et sans erreur la vérité que Dieu pour notre salut a voulu voir consignée dans les Lettres sacrées. » (Dei Verbum 11) Cette singulière assistance de l’Esprit Saint, appelée Inspiration, explique le fait que la Bible ait à la fois un auteur Divin, Dieu, et des auteurs humains, les hommes dont Il s’est servi. Mais l’assistance de l’Esprit Saint ne s’est pas limitée à la rédaction des livres saints. Elle s’est poursuivie dans leur approbation par l’Eglise, ce que nous appelons la canonisation des livres bibliques.

2.     La canonisation des livres bibliques

Par le terme de canonisation on désigne ici le lent et long processus de reconnaissance des livres inspirés formant ce qu’on appelle le canon des Ecritures. Puisqu’aucun livre de la Bible ne fournit la liste des livres inspirés, il fallait en effet qu’une autorité en dehors de la Bible, mais éclairée par le même Esprit qu’elle, détermine quels livres étaient réellement inspirés. Cette autorité, c’est « l’Eglise du Dieu vivant, colonne et support de la vérité » (1Tm3,15). Le canon des Ecritures distingue deux parties : le canon de l’Ancien Testament et le canon du Nouveau Testament.

Pour l’Ancien Testament : A l’époque de Jésus, les Juifs vivant en Palestine et parlant araméen n’avaient pas un canon unanime des Ecritures. Les Sadducéens par exemple, pour qui il n’existe ni résurrection des morts, ni ange, ni esprit (cf. Actes 23,8 et Mt22,23) avaient rejeté les livres qui n’allaient pas dans le sens de leur foi (le livre de Daniel par exemple) et possédaient donc un canon réduit. (Les Samaritains n’avaient même retenu comme inspirée que leur version des 5 premiers livres de la Bible). Quant aux Juifs de la diaspora dispersés autour de la Méditerranée et parlant plutôt le grec, ils utilisaient unanimement la traduction grecque de la Bible hébraïque réalisée autour de l’an 250 avant Jésus Christ à Alexandrie en Egypte, traduction réalisée par 70 sages, d’où son nom « Septante » signifiant 70 en grec. Cette traduction grecque de la bible hébraïque contenant 46 livres était très répandue, le grec étant la langue la plus parlée de l’époque. Et les premiers chrétiens qui, étant majoritairement d’origine païenne, parlaient grec avaient simplement adopté cette traduction grecque de l’Ancien Testament. Le canon du Nouveau Testament, quant à lui, reconnaît 27 livres inspirés. En définitive, la liste actuelle des 73 livres de la Bible va être retenue au concile de Rome en 382 après le long processus de canonisation qui aura écarté plus de 60 livres intertestamentaires et plus de 70 livres apocryphes chrétiens.

3.     Près de 12 siècles plus tard, Martin Luther, prêtre et moine allemand, dans un mouvement de révolte contre l’autorité de l’Eglise, retranche 7 livres de l’Ancien Testament (Judith, Tobie, 1 et 2 Maccabées, Sagesse, Siracide ou Ecclésiastique, Baruch) et édite une bible de 66 livres. La question immédiate qu’on est en droit de se poser est : Au nom de quelle autorité lui, Luther, fait-il cela et de quel droit, si tant est que le canon des Ecritures est clos depuis 382 et que l’Ecriture déclare : « Si quelqu’un retranche aux paroles de ce livre prophétique, Dieu retranchera sa part de l’arbre de vie et de la cité sainte » (cf. Ap 22,19) ? Mais en réalité, pour nier l’autorité de l’Eglise, il lui faudrait rejeter non pas seulement 7 livres de l’Ancien Testament mais encore tout le Nouveau Testament. Et c’est ce que devraient savoir tous les chrétiens qui tout en croyant en la Bible prétendent ne pas reconnaître l’autorité de l’Eglise Catholique. Car c’est l’autorité infaillible de l’Eglise Catholique qui, en fixant le canon des Ecritures, a défini ce qui est parole de Dieu et ce qui ne l’est pas. C’est elle qui fonde notre certitude que la Bible est Parole de Dieu. Alors, croire en la Bible, c’est reconnaître l’autorité de l’Eglise qui la garantit.

  • Aucune note. Soyez le premier à attribuer une note !

Ajouter un commentaire

Anti-spam