Le grand mal dont souffre l'Eglise aujourd'hui

Si l’on posait la question « quel est, selon vous, le grand mal dont souffre l’Eglise aujourd’hui ? », on obtiendrait toutes sortes de réponses : le matérialisme, l’athéisme, l’agnosticisme, la pédophilie, les abus sur mineurs, l’homosexualité, le relativisme, la théorie du genre, le nouvel ordre mondial, les Illuminati, la franc-maçonnerie ou autres sociétés secrètes, etc. Toutes ces réponses, aussi pertinentes les unes que les autres, ont pourtant un terreau commun dans la vie des croyants : la tiédeur spirituelle. Nous n’imaginons pas suffisamment combien cette tiédeur nuit à l’Eglise. C’est elle qui donne des ailes à tous les maux précités et qui en est le limon favorable. Elle paralyse la foi, l’espérance et la charité, rend nonchalant dans l’exercice des vertus et des charismes. Elle entretient la demi-mesure, le doute et la paresse spirituelle. Elle empêche le don total de soi pour Dieu et pour l’Eglise, émousse l’ardeur pour l’évangélisation et le service du prochain. Elle entretient l’hésitation au lieu de la promptitude, le gémissement au lieu de l’enthousiasme, l’emprise de la chair au lieu de la liberté de l’esprit, la mélancolie au lieu de la joie.

La tiédeur spirituelle, c’est tout le contraire d’Abraham qui se met aussitôt en marche sur l’ordre de Yahvé, sans savoir où il allait (Gn 12, 4). C’est l’opposé de la passion du prophète Elie pour « le Seigneur, le Dieu des puissances » (1 R 19, 10). C’est tout le contraire de la « voix qui crie dans le désert : préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Tout ravin sera comblé, toute montagne et toute colline seront abaissées ; les passages tortueux seront redressés, les chemins rocailleux aplanis, tout arbre qui ne produit pas de bon fruit va être coupé et jeté au feu. » (Lc 3, 4-6 ; 9). La tiédeur spirituelle, c’est l’inverse de la « toute hâte » (Lc 1, 39) de Marie se rendant chez sa cousine Elisabeth après l’annonce de l’ange. C’est tout l’opposé de saint Joseph qui, à son réveil, fait aussitôt ce que l’ange du Seigneur lui a prescrit (Mt 1, 24 ; 2, 14.21). C’est tout le contraire de Saint Paul qui, « oubliant le chemin parcouru, tout tendu en avant, s’élance vers le but. » (Ph 3, 13-14).

Tous les saints ont lutté contre la tiédeur spirituelle : les patriarches, en marchant constamment devant Yahvé et en suivant ses voies (Gn 17, 1) ; les prophètes, en annonçant la parole de Dieu au prix de leur vie ; les apôtres, en laissant aussitôt tout pour suivre le Maître ; les martyrs, en répandant leur sang pour le Christ et son Eglise ; les confesseurs, en endurant toutes sortes de persécutions et de tortures pour la foi ; les vierges, en brûlant d’ardeur et de passion pour l’unique Epoux ; tous les saints, par leur amour de Dieu et du prochain. Ils ont compris ces paroles du Maître : « Je suis venu apporter un feu sur la terre, et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! » (Lc 12, 49) ; ou « quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière n’est pas fait pour le Royaume de Dieu. » (Lc 9, 62) ou encore : « Puisque tu es tiède – ni brûlant ni froid – je vais te vomir de ma bouche. » (Ap 3, 16). Oui, à la suite du Maître, tous les saints ont chanté : « Le zèle de ta maison me dévore » (Ps 69/68, 10 ; Jn 2, 17).

Le contraire (ou plutôt le remède) de la tiédeur, c’est le don total de soi, c’est le choix exclusif, radical et sans retour de Dieu. Qui veut aujourd’hui travailler au Renouvellement Spirituel de l’Eglise doit combattre la tiédeur sous toutes ses formes. Le vrai combat de l’Eglise, ce n’est donc pas le mariage des prêtres, l’ordination des femmes, l’ordination des hommes mariés, etc. qui font couler tant d’encre, c’est le combat contre la tiédeur spirituelle dont personne n’est épargné. Une fois cette tiédeur vaincue, il se produira un Renouveau Sacerdotal et un renouveau spirituel de toute l’Eglise. Une nouvelle Pentecôte Sacerdotale suscitera des cœurs de feu, transpercés dans la contemplation du Crucifié. Et quand nos cénacles intérieurs auront été embrasés, le volcan de l’Amour divin se propagera au dehors, embrasant familles et institutions, peuples et nations, pour un monde nouveau.

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