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Dieu sait tout, Dieu peut tout, mais Il respecte notre Liberté (synthèse débat du 26.07.2019)

Samson TAKPE Par Le 27/07/2019 à 09:45 0

 

Samson : Salut les gars. Je voulais émettre un avis par rapport à cette intervention de l’abbé R., mais j’ai fini par oublier, à savoir qu’il y a des débats faits en classe qui continuent, moi, de me travailler personnellement ou que je continue de remuer, parce que les réponses apportées ne m’ont pas satisfait. J’évoque à titre illustratif juste 2 exemples : le débat sur la question des mérites de Notre Seigneur (question jadis posée par Fr. Dj.) et le débat autour de l’omniscience de Dieu (autour du psaume 138 avec le père Agb. puis avec Dégb.) : 1. Francis demandait pourquoi tout le temps il est question des « mérites de la Passion de Notre Seigneur ». N’y a-t-il que la souffrance qui soit méritoire ? Pourquoi ne parlerait-on pas par exemple des « mérites des joies de Notre-Seigneur » ? (On avait semblé ne pas comprendre Francis, mais jusqu’aujourd’hui la question continue de me travailler personnellement. J’attends donc toujours des réponses). 2. Par rapport au psaume 138 où le psalmiste célèbre entre autres l’omniscience de Dieu, le Père Agb. répondait à une question en disant : « Est-ce que c’est Dieu qui lui a dit qu’Il sait ou bien c’est lui qui pense que Dieu sait ? » (Réponse probablement nécessitée par la méthode d’analyse des textes ! mais) La question de l’omniscience de Dieu va resurgir avec le Père Dégb. qui comme réponse dira à peu près : Dieu ne sait pas comme nous les hommes nous savons. Il sait, mais comment Il sait, cela nous échappe. Plus tard, j’ai abordé la question avec un autre philosophe-dogmaticien qui explique que Dieu est omniscient sans que sa science détermine nos choix. Mais qu’il est absurde de penser que Dieu connaît tous les détails d’une journée que je passerai dans 50 ans (cela sera sûrement fonction de mes choix quotidiens jusqu’à cette date !). Ce dernier élément m’a encore troublé à telle enseigne que l’omniscience de Dieu, moi je continue d’y réfléchir jusqu’à ce jour, et j’attends encore des apports !

 

Sergio : Pour la première question, celle de Fr. Dj., je pense pour ma part que la joie est comprise dans la Passion. Car comme on le dit ce n'est pas la souffrance qui nous a sauvés mais la souffrance portée par l'amour. Or nous le savons par Saint Paul que parmi les fruits de l'amour il y a la joie. Il faut aussi ajouter que le vendredi saint nous a conduits au dimanche de Pâques. La souffrance du Christ n'a de sens qu'en lien avec la joie de la résurrection. Du coup c'est toute l'existence du Christ qui a été un acte méritoire.

 

David : Je pense que Sergio a donné une réponse plus profonde...  Il n'y a en réalité de mérite que dans le feu de l’action, c’est l'épreuve traversée qui atteste de la valeur de notre être en lui donnant sens. Saint Jean lie la Gloire à la Croix, et je puis dire qu'il n'y a pas de gloire sans joie et la joie ici se forge dans la souffrance la plus atroce... Je dirai même que plus la souffrance s’accentue, plus la joie devient plus profonde, car expression intrinsèque de la gloire. C'est donc mieux de parler des mérites de la Passion qui dans le contexte de la rédemption a un sens original. Celui qui rit parce qu'il est heureux n'a pas le même mérite que celui qui maintient en lui la joie même en agonisant. Je crois que pour la seconde question, il s'agit de tenir en compte la liberté de l’homme, que Dieu lui-même s'interdit de violenter... Autrement cela mettrait en cause celui que lui-même a créé à son image et à sa ressemblance. Dieu sait mais ne saurait s’interposer, non pas qu'il soit sadique non mais parce qu'il sait toutes les probabilités qui découlent de la liberté de l'homme. Mais le dernier choix vient de l'homme qui s'auto-détermine à faire soit le bien soit le mal. L'évangile nous dit ''sachant ce qu'ils pensent en eux '' parlant des pharisiens, de ses adversaires... Et quand on y prête attention, on comprend pourquoi Dieu nous inspire par son Esprit qui nous conduit à la vérité qui libère, à condition que nous nous laissions conduire... Encore là la liberté de l'homme.  Donc Dieu est omniscient mais pas dans le sens de savoir déjà où l'histoire d'une personne finit sans même que ce dernier ne DEPLOIE sa liberté.   Ce serait contradictoire de la liberté de choix de l'homme.

 

Gilles : En plus des avis pertinents déjà émis sur la question je voudrais souligner qu'il est important, quand on parle de notre Rédemption en Jésus Christ, de tenir soudée la trilogie Passion-Mort-Résurrection. Nous sommes sauvés par la Passion, Mort et Résurrection du Christ. Pas seulement par sa mort qui serait vaine si elle ne débouche sur la résurrection : "Si Christ n'est pas ressuscité, vaine serait notre foi." Tenir également ferme à l'esprit qu'il s'agit de la récupération douloureuse d'une triste tragédie née de la désobéissance de l'homme, si vous voulez : rouvrir une porte fermée à cause du péché, sauver l'homme perdu, rappeler de la mort à la vie l'être ayant perdu la vie divine. Autant d'images pour dire qu'il ne s'agit pas d'une partie de plaisir, mais un combat dans lequel on ne saurait s'engager avec le large sourire.... Sauvés par les mérites de la joie du Seigneur, me semblerait une affirmation qui tienne peu ou pas compte de l'aspect sacrificiel sanglant de la rédemption ayant coûté vie et sang au Seigneur : pensons un instant à son agonie au jardin des Oliviers (Sueur de Sang…). Enfin, la rédemption entendue comme ré-enfantement à la vie, nous donne de percevoir, par analogie, les douleurs de la parturition qui ouvrent sur la joie de la nouvelle naissance...... En somme rédemption par la Passion, Mort et Résurrection du Christ....

Pour l'omniscience de Dieu, il me semble que nos deux formateurs ont émis des réponses que je trouve aujourd'hui encore pertinentes même avec le recul du temps, même si livrées en des emballages euphémistes. L'omniscience de Dieu voudrait dire que Dieu sait tout, un tout entendu dans une double dimension spatio-temporelle. C'est-à-dire qu'il sait tout du passé du présent et du futur et ce savoir englobe tout le créé en tout endroit et en tout temps. Ce savoir ou cette connaissance de Dieu ne nous surprendrait pas du tout s'il n'englobait que le passé et le présent, vu que même l'homme est capable de ce savoir avec un peu d'effort, puisque l'histoire et le présent font et peuvent faire objet d'étude.... Là où se trouverait l'omniscience bouleversante de Dieu, dépassant les limites de l'homme, c'est dans sa capacité de connaissance du futur, donc d'une réalité non encore advenue (dirions-nous irréalité ???). Et là est toute la question. Dieu est-il omniscient, c’est-à-dire sait-il tout, y compris l'avenir ? La réponse traditionnelle de la théologie et de l'Eglise est positive. Comment peut-il alors savoir ce qui n'est pas encore et s'il le sait comment ne serait-il pas sadique laissant l'homme tomber dans le mal, le malheur, la mort, bien que l'ayant déjà vu de loin, mais ne faisant rien pour l'en empêcher ? La réponse à ces capitales interrogations réside dans la compréhension de l'Etre même de Dieu. Dieu est Esprit, pour faire bref, Créateur de tout, y compris les universaux et les catégories consistantes du créé (Espace et Temps). Les ayant créés, il en est externe tout en en étant interne. C'est-à-dire qu'il est au-delà du temps de l'espace. L'atemporalité de Dieu confine dans un présent continu le passé, le présent et le futur, un Présent perpétuel. "Pour le Seigneur un jour vaut mille ans et mille ans sont comme hier...'' Ainsi les trois composés du temps linéaire humain sont comme un rouleau déployé dans les mains de Dieu. Comme tel, Dieu connaît vraiment tout dans le sens de l'omniscience comme définie plus haut. Mais la seule restriction à cette omniscience de Dieu naît avec l'homme pourvu de cette grande arme qui se nomme ''liberté''. Le jeu de la Liberté. En effet le jeu de la Liberté qui permet à l'homme de choisir, pose une restriction à l'omniscience de Dieu sur le futur de l'homme. Ainsi Dieu sait tout de tout le créé sauf de ce que l'arme de la Liberté fera choisir à l'homme. Du moins, ce que Dieu sait du futur de l'homme est le bien dont il lui a tracé le plan dans son bienveillant dessein d'amour. Le mal que l'homme est capable de faire, Dieu ne le sait pas ni n'en sait le degré. Voilà ce qui justifie la proposition presque suppliante de Dieu à l'homme dans le Deutéronome : ''Je place la vie et la mort devant toi, le bien et le mal, choisis la vie ......'' En somme, Dieu est impuissant devant la liberté humaine, devant cette même liberté qui restreint son omniscience.... Ceci nous fait toucher la grandeur que Dieu a conférée à l'homme le créant à son image, à sa ressemblance, un peu moins qu'un dieu, et pourvu de Liberté....... Dieu sait tout....  mais ne sait pas les caprices de nos libertés...

 

Samson : Alors je remercie les uns et les autres pour les différentes contributions. Par rapport à la première question, je retiens que c’est « toute l’existence du Christ qui a été un acte méritoire » (cf. Sergio), depuis l’Incarnation jusqu’à l’envoi du Saint-Esprit. Mais puisque son Mystère Pascal en constitue le sommet et l’acte décisif, il est normal que l’accent soit mis sur les mérites de la Passion-Mort-Résurrection du Christ (cf. Gilles et David). Par rapport à la seconde question, je comprends que ce que l’on dit de la Toute-Puissance de Dieu (« Dieu est impuissant face à notre liberté ») on puisse l’appliquer aussi à son Omniscience, car notre vie n’est pas un livre pré-écrit où Dieu lit, mais plutôt un livre que nous écrivons avec sa grâce moyennant l’exercice de notre liberté (cf. Gilles et David). Mais (ma question pour relancer le débat) comment comprendre la thèse selon laquelle « Dieu sait tout....  mais ne sait pas les caprices de nos libertés... » par rapport aux prédictions (Je ne parle pas des prophéties) ? Exemples : 1. Jésus lui répondit : « Amen, je te le dis : cette nuit même, avant que le coq chante, tu m’auras renié trois fois. » (Mt 26,34) Et cela s’est réalisé. Ou bien le reniement de Pierre ne fait pas partie des caprices de nos libertés ? 2. Alors Jésus leur dit : « Voici que l’heure vient – déjà elle est venue – où vous serez dispersés chacun de son côté, et vous me laisserez seul » (Jn 16, 32). Et cela va se réaliser. Qu’en penser ? Je voudrais bien conclure en disant : DIEU SAIT TOUT, DIEU PEUT TOUT, MAIS IL RESPECTE NOTRE LIBERTE.

 
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