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Bénin, 59 ans d'une indépendance en mode téléchargement lent

Samson TAKPE Par Le 02/08/2019 à 11:08 0

Dans Débats tous azimuts

 

Hier 1er août 2019, le Bénin célébrait ses 59 ans d’indépendance. Mais sommes-nous vraiment indépendants ou l’indépendance est-elle encore « en mode téléchargement avec un débit très lent » ? Tout semble se passer comme chez le nourrisson qui réclame son droit à l'autonomie mais ne veut rien faire dans le sens de son sevrage !

 

Igor : Bonjour chers confrères. En ce 1er août, j'ai copié pour vous l'intégralité de cette vidéo qu'un confrère nous a servi dans un forum ; et je pense que ces discours pourraient être aussi intégrés dans les programmes d'histoire de nos collèges et pourquoi pas, mimés de temps en temps ! Je suis convaincu qu'un film peut devenir "film-culte" pour une génération désireuse de s'identifier à un idéal : l'arrivée au pouvoir d'Obama a été stimulée par des discours, des films... Black panther est un film révolutionnaire. Il y a de ces Communications qui marquent les esprits et qui peuvent concrétiser des rêves. Qu'en pensez-vous ?

 

David AMOUSSOU : Croyez-vous que nous sommes vraiment indépendants ? Ce jour devrait être un jour de lamentation collective. L'indépendance n'est pas une question de terre, de territoire, de pseudo souveraineté etc.  La première indépendance est mentale et nous en sommes encore très loin. Sans elle, tout ce qui suit n'est que du folklore. BONNE FÊTE DE LA DÉPENDANCE, Car l'indépendance est encore en téléchargement en débit très lent...Courage.

 

Florentin OGOULOLA : À quoi ont servi les anciens programmes acquis depuis l’indépendance ? Si ce n'est pour faire de notre nation "un quartier latin d’Afrique", si ce n'est pour faire de nous des penseurs et non des acteurs. Oui tous ces programmes ont plutôt contribué à bâtir nos têtes et non à changer nos vies.  C'est vraiment l'homme africain qui est en question. Et toute la problématique est là. La connaissance doit descendre dans le cœur et se monnayer dans les membres. Bref c'est toute la vie concrète qui doit en être imprégnée pour impacter la société. Sinon nous passerons toute notre vie à parler tout le temps de changement de mentalité. Mais rien ne changera vraiment. Nous sommes encore très liés par beaucoup de choses encore. Nous ne sommes pas encore indépendants. Nous sommes encore très colonisés mentalement, matériellement, intellectuellement même si tout montre que physiquement nous sommes libres. Sinon comment comprendre que........Nous vivons en général des autres, les critiquons, mieux nous trouvons les bons mots pour des analyses pertinentes de notre destin africain. Mais concrètement il n'y a personne sinon que peu, pour agir, si ce n'est pas pour démotiver et démobiliser ceux qui s'efforcent par nos actes fratricides qui n’impliquent qu'une autodestruction.  Si nous ne le faisons pas par des actes concrets, ce n'est pas les autres qui vont nous défendre. Apprenons donc à dire nous et non pas moi, à jeter des fleurs dans la vie des autres, à les bâtir et ensemble c'est nous tous qui sommes vainqueurs. Comme les Français (et les citoyens des autres pays développés) ne disent jamais moi mais la France. Avoir un esprit altruiste et patriotique avéré.

Les discours et les films ne sont que des moyens de communication. Le plus important, je pense, c'est la capacité d'intégration et l'accueil que l'on réserve au message. Ce ne sont pas les instructions qui manquent. Les médias et professionnels de l'audio-visuel utilisent déjà chez nous ce canal (audio-visuel) pour véhiculer leur message. Les différents mouvements et associations passent aussi par ces moyens malheureusement souvent pour leurs ambitions politiques ou intérêts personnels. Les publicités à grands renforts médiatiques sur la vie civique et morale ont-elles pu changer réellement le quotidien des citoyens béninois ? Nous ne voulons pas citer des actes aliénants qui continuent de faire chemin allègrement à l'ère de ladite indépendance nationale. On ne saurait réduire l'indépendance et le développement d'une nation à des techniques de formation et d'information. Je continue d'affirmer vertement et avec force que le problème, c'est l'être africain. Prendre le mal à la racine, c'est aller jusqu'à la cognée en considérant son environnement socio-culturel qui l'a porté, bercé et dans lequel il a baigné tout le temps. Si l'arrivée de Obama au pouvoir a été stimulée par des films, il faut savoir que comparaison n'est pas raison et cette transposition connaîtra vite son échec. Nous n'avons pas les mêmes histoires même si nous ne sommes pas réduits à notre passé. (Encore qu'un peuple sans histoire est une civilisation sans âme). Au total, l'impact psychologique qu'une méthode de communication audio-visuelle va produire chez le noir Américain ne sera jamais identique à celui de l'africain noir. Même méthode= >différents résultats.  Les Noirs américains marqués par les séquelles de la traite négrière étaient portés par la soif de libération et de luttes anticoloniales avec des mouvements, courants et méthodes conséquents. Nous nous sommes encore au débat et toujours. La distance qui sépare nos belles paroles des actes concrets d'autonomie équivaut encore à celle qui sépare le soleil de la terre.

Au fait tout se passe chez nous comme chez le nourrisson. Nous agissons exactement comme l'enfant encore au biberon qui réclame son droit à l'autonomie, bien que conscient de sa dépendance. Mais qui malgré tout son désir de se libérer de la dépendance, ne fait rien, ou ne veut rien faire dans le sens de son sevrage. Le problème est qu'il craint la douloureuse expérience de l'arrivée de cette période transitoire marquée de faim et ses corollaires de problèmes d'intégration des nouvelles habitudes alimentaires, qui loin de le hanter, serviraient pour lui de tremplin. „on ne peut pas faire les omelettes sans casser les œufs". 

 

David AMOUSSOU : Il faut agir, et agir déjà c'est passer par la communication, non pas pour y rester mais sans une bonne communication nous ne pouvons rien faire parce que les gens doivent comprendre avant de s'y mettre. C'est là ce que Igor dit, combien de nos jeunes maîtrisent comment nous avons eu notre indépendance pour la plupart des pays africains ? Il faut le développement qui se concrétise dans l'action mais il ne faut pas oublier qu'une communication profonde et stratégique est déjà une action concrète qui impacte tout l'être.  Quand quelqu'un n'est pas convaincu en son for interne, tu as beau faire de la magie, ça laisse indifférent. Il y'a des paroles en elles-mêmes qui sont indéniablement des actions concrètes et des actions qui sont des paroles.  Il ne faut négliger aucun aspect... Joindre l’utile à l'agréable.  Mais ne pas demeurer uniquement dans l'utopie. Il faut revoir notre système éducatif, revoir notre manière de définir les valeurs et leur mode de transmission... Tout ça passe par la communication...  Comment veux-tu que quelqu'un qui a grandi dans l'esprit de ''chacun pour soi'' puisse aller dans le sens du développement ? Il faut éduquer, éduquer passe par la communication et à cela on ajoute l'action.

 

Florentin OGOULOLA : La communication, et même la bonne, ne suffit plus ou ne peut plus résoudre le problème du sous-développement ou de la mentalité surannée de l'africain noir, puisque des techniques d'information et de formation existent chez nous depuis des décennies. Je comprends en effet que le manque de volonté et de conviction est handicap majeur au changement de l'être noir africain. Non aux débats intermittents sans prises sur le réel car les flots de paroles sans les implications concrètes sont des paroles sans âme. En définitive à la veille des 60 ans des luttes anticoloniales, nous ne saurions parler d'une indépendance nationale, mais plutôt d'un simulacre d'indépendance.

 

David AMOUSSOU : La communication dont on parle à mon humble avis n'existe pas encore... Autrement, on aurait eu beaucoup de Thomas Sankara et de Patrice Lumumba. Il ne s'agit pas de se mettre là à aligner des mots.... Il faut que l'homme soit touché au fond de son être, c’est ça qui déclenche en lui le changement de mentalité. Quand tous les africains prendront conscience de l'enjeu le monde tremblera... Mais pour l’heure, même nos chefs ne sont pas là pour le peuple mais pour ceux qui les ont mis là, donc n'attends pas d'eux des actions. Ce ne sera que celles qu'on leur a dictées.

 
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